440                         JOURNAL DE HENRI III.
« si on vous veut forcer ; et d'ailleurs je ne serai loin de « vous, et me verrez possible plutôt que ne pensez. »
Or les seigneurs de Chamois et Boisdauphin furent passer au bas des Thuilleries, et vinrent loger au faux­bourg Saint-Germain, à l'Arbalètre, où je les fus voir le lendemain avec Le Clerc, qui y alla faire la cour.
Le lendemain vingt-sixième avril, Sa Majesté m'en­voya querir par le sieur Petremol, environ sur les deux heures après midy, en son cabinet, étoient lors messieurs d'Espernon, d'O et-de La Guiche ; et fis en­tendre à Sa Majesté ce que La Chapelle avoit exploité vers le duc de Guyse, et comme il avoit envoyé à Paris les sieurs de Boisdauphin et Chamois pour assurer ses amis de sa bonne volonté, lui faisant entendre parti­culierement tout ce qui a été ci-devant déclaré. Je vis lors Sa Majesté comme étonnée, et quasi en doute de ce qu'on lui faisoit voir à l'œil : car il me demanda si je lui pourrois fournir mémoires assurez de ce que je lui avois baillé par écrit, si je n'étois point de la reli­gion, persuadé par quelques-uns d'eux de me mettre entre les mains lesdits mémoires. Ce qu'ayant entendu, je suppliai Sa Majesté de me faire prisonnier, et en­voyer querir quatre des principaux de la Ligue que je lui nommerais, dont je m'assurais qu'il scauroit la vé­rité; et que je vérifierais mes mémoires, voire plus que je n'en avois écrit, à,peine de ma vie : suppliant Sa Majesté de croire que je n'avois dit ni écrit que la pure vérité, sans aucun fard ni dissimulation; que je n'avois jamais hanté la cour, et étois un très-mauvais courti­san, n'ayant jamais eu cet honneur de parler à Sa Ma­jesté; que le seul zele de son service et l'assurance que j'avois de la parole véritable que je portois m'avoit
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